A peine arrivée à Montréal (au Québec pas en Ardèche !), je décidai de me rendre au Festival des films du monde. En regardant le programme, je découvre que Bertrand Tavernier a une nouvelle carte blanche. Je dis « nouvelle » car s’il y a bien quelqu’un qui a des cartes blanches partout dans le monde, c’est bien lui. J’ai travaillé quatre ans à ses côtés et chaque semaine il recevait des demandes pour aller présenter des films, parler de réalisateurs trop méconnus du public. Il s’agissait souvent de films américains (il est co-auteur avec Jean-Pierre Coursodon de l’excellente bible « 50 ans de cinéma américain »), mais pas seulement.
Bertrand Tavernier est de ceux qui aiment le Cinéma, qui l’adorent et qui le connaissent tellement bien qu’ils ne peuvent pas s’empêcher de partager cette passion avec le public. Pour notre plus grand plaisir.
Je dois avouer que le débat qui a suivi la projection de Cry Danger, premier film de Robert Parrish m’a encore davantage marquée que le film lui même (malgré ses dialogues très drôles et enlevés).
De voir là, à Montréal, notre Tatave national en train de raconter la fabrication de ce premier film avec des anecdotes aussi croustillantes que nombreuses, d’échanger avec son ami Eddy à qui l’on doit ce genre de copies restaurées, sur Dick Powell et tous les acteurs de second plan du film, puis de rebondir en évoquant d’autres films noirs, alors que moi j’étais encore en train de me remettre du décalage horaire, était assez inouï. Chaque question du public déclenchait un déferlement d’histoires, et ravivait son inépuisable enthousiasme.
Bertrand Tavernier s’est toujours battu pour « sortir de l’ombre » des cinéastes injustement méconnus du public : Delmer Daves, Michael Powell, Abraham Polonsky et bien d’autres encore (il est d’ailleurs à l’origine d’un magnifique coffret édité par l’Institut Lumière des films de Michael Powell et Pressburger). Avant tout parce qu’il aime leur cinéma. Mais aussi parce qu’il aime en parler et le montrer. C’est un peu notre Martin Scorcese à nous !
Et finalement je me rends compte que ce que je retiens le plus de notre collaboration, est cet amour du cinéma qu’il a et qu’il partage à foison. J’aimais l’entendre me raconter tout plein d’histoires parce qu’au fond de moi quand je l’écoutais, je me disais qu’il était surement l’un des derniers « dinosaures » à connaitre aussi bien cet art-là et à en parler avec autant de passion. Et quand on est cinéphile, c’est un vrai cadeau.
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