Chacal c’est l’histoire d’un type sans attache, en CDD (CDD liberté !) sur un chantier d’autoroute.
Il neige dehors et le chantier est interrompu. Le type sans nom rentre dans sa chambre d’hôtel et téléphone à sa compagne enceinte. Un accident précise-t-il. Pourtant Lucie, le futur bébé l’accompagne partout, comme pour là aussi (cf. Sandrine) le raccrocher à la vie. Il semble sans cesse chercher sa place au milieu des autres, sur le chantier, dans le bar, il se croit libre mais n’est en fait qu’un passager parmi les autres. Lucie c’est sa chance à lui de laisser une trace.
Et s’il a l’air de se foutre de tout, il interroge pourtant plusieurs fois son patron pour savoir si le turc s’est remis de son accident du travail ou s’il est mort. Il ne le saura jamais.
Interprétée par Damien Mongin, la pièce écrite pendant une période de pérégrinations des auteurs dénonce à nouveau cette précarité impitoyable qui oblige à s’effacer, à accepter l’inacceptable, à survivre d’un travail à l’autre en continuant d’espérer un changement, un ticket gagnant.
L’issue de Chacal ressemble à un horrible fait divers. Pourtant la pièce s’éloigne du réel pour nous emmener vers un autre lieu, celui de notre mémoire hachée, de notre pensée disloquée.
Lise Maussion et Damien Mongin écrivent lors d’atelier d’improvisation autour de thèmes qu’ils se suggèrent. Si certains qualifient leur créations de « documentaires », leur univers n’en demeure pas moins poétique et onirique. Comme un joli reflet d’une certaine misère.