LES BIEN AIMES DE CHRISTOPHE HONORE

Les Bien-aimés est le huitième film de Christophe Honoré, cinéaste prolixe mais aussi metteur en scène et écrivain, qui met en scène Catherine Deneuve et sa fille, pour la première fois réunies dans un rôle mère-fille. On se souvient d’elles dans Le conte de Noël de Desplechin où Chiara Mastroianni jouait la belle fille de sa mère. Mais sa propre fille jamais.
Et là dans ce film Chiara explose l’écran tant elle est radieuse, belle et touchante. C’est comme si Honoré le savait depuis la première fois qu’ils ont tourné ensemble (il parle lui même d’un rapport « amoureux » à son actrice même si sa propre sexualité dévie cet amour vers autre chose de plus impalpable) et qu’à chaque film il voulait nous dévoiler un petit bout d’elle en plus et nous montrer quelle grande actrice elle est.

Les Bien-aimés c’est l’histoire d’une fresque familiale, avec comme point de départ Madeleine, femme libre, prostituée à ses heures mais aussi femme d’un seul grand amour, Jaromil avec qui elle aura une fille, Véra. Véra aime Henderson, Clément aime Véra. Et François aime Madeleine. Raconté comme ça, cela ressemble à des amours impossibles, voire imaginaires et pourtant non, l’amour est partout et se dessine derrière de petits vertiges et parfois de grandes chutes.
On retrouve tous les thèmes chers au cinéaste : trio amoureux, filiation et transmission, amour et légèreté, liberté et désir et par dessus tout, on retrouve des personnages terriblement vivants parce que toujours prêts à succomber à leurs désirs.

Le film voyage dans l’espace (Paris, Londres, Prague, Montréal) et dans le temps (des années 60 à 2008) mais finalement rend compte d’une chose absolument universelle : l’amour qu’il soit léger ou profond implique qu’on s’expose, qu’on ose et tant pis si cela va avec son lot de souffrance, de sacrifices, de renoncement, d’espoirs et de désespoirs.

Chiara-Véra danse dans une des premières scènes des années 2000 (un joli clin d’œil à son avant dernier film, Non ma fille tu n’iras pas danser) comme si elle vibrait au son de ses sentiments mélangés, toujours à l’extrême. Les personnages d’Honoré ne se cachent pas, ils foncent, s’écroulent, se relèvent, s’abandonnent et parfois renoncent.

Et nous, on vit tout ça sur fond d’écroulement des twin towers, des années sida, et bercé par les paroles d’Alex Baupain, comme une autre voix off des personnages qui sublime une fois de plus ce que seules les images ne peuvent raconter. Un joli petit miracle.

 

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