Novembre 1889, le père d’Edvard Munch meurt avant même qu’ils se soient réconciliés. Munch obtient une bourse et part en Europe. A Paris il découvre les nabis, le Louvre, les symbolistes, Manet. Puis part à Berlin. Se lie d’amitié avec Strindberg qu’il retrouve au Cochon noir.
Il expose à de nombreuses reprises et crée toujours le scandale. Ses œuvres tourmentées restent incomprises, sévèrement critiquées. Mais Munch continue sans relâche, élimine peu à peu les perspectives. Les visages se confondent. Celui du jeune enfant qu’il était crachant du sang, sa sœur, le regard de Madame Heidberg. Il vit d’autres liaisons mais de plus en plus s’isole, voyage, s’exile. Il se met à la gravure, incise, sculpte. Rentre en Norvège puis repart à Berlin.
Il répète ses gestes dans ses chambres d’hôtel où les tableaux s’accumulent comme ses souvenirs. Il peint non pas ce qu’il voit mais ce qu’il a vu, ce qu’il ressent de son passé, de ses blessures. Les nuages en sang, le regard immobile, le bleu qui évoque la mort. Munch peint sa vie, celle de sa famille, sa « frise ».
Peter Watkins nous livre un film personnel et troublant, où les plans s’enchainent dans des raccords magnifiques mêlant le regard de Munch/Watkins au notre, effaçant les frontières du temps, dans un voyage entre tensions et émotions, aussi documentaire que purement subjectif.
Une vraie danse de la vie.
Edvard Munch, la danse de la vie de Peter Watkins (1974)