CAPRICE A TROIS

Avec Caprice, Emmanuel Mouret revient vers un cinéma bien à lui, entre vaudeville, mélancolie, amitié amoureuse et les possibles qui toujours titillent.

 

Clément est instituteur à Paris et ne semble pas être tellement acteur de sa vie. Les rencontres lui tombent sur le coin du nez comme à d’autres certaines apparitions ou présages. Les femmes s’adressent à lui naturellement, voyant en lui une forme de bienveillance, de douceur naive, de maladresse touchante  et de bonté naturelle.  Il fait naitre chez les femmes des sentiments qui le dépasse. Même quand il entame une relation digne d’un conte de fée avec Alicia, l’actrice de ses rêves, Clément ne semble pas croire à ce qu’il vit. La jeune Caprice (Anais Demoustier) croise par hasard son chemin à plusieurs reprises dans un Paris devenu tout petit et vient le déranger dans sa vie devenue parfaite, à l’image de sa femme célèbre et leur belle maison dans le 7ème arrondissement nouvellement investie. Car Caprice ne veut pas accepter qu’il ne l’aime pas comme elle l’aime. Alors elle revient vers lui au moindre prétexte, devient sa maitresse une nuit malgré lui, puis son infirmère quand il est plâtré. Elle en est presque agaçante, mais tout autant que lui qui ne sait jamais rien refuser à force de vouloir épargner tout le monde. Le film part alors dans une direction bien moins légère que le badinage auquel Mouret nous a habitué, il interroge sur l’incompatibilité du désir et de l’amour quand l’amour est porté aux nues, sur ce qu’on est capable de recevoir et de sacrifier, sur l’amour pur qui fait perdre la raison. Ce conte moral aux accents rohmériens (et oui, on ne peut s’empêcher à nouveau la comparaison tant elle est évidente), au delà de l’histoire (universelle) d’un homme entre deux femmes, devient un conte initiatique, celui d’un homme qui se réalise à travers l’amour de ces deux femmes. Et c’est bien là que le film nous touche car il s’agit aussi d’un homme entre deux âges, attiré par la jeunesse fougueuse de l’une et la rassurante sagesse de l’autre. Ce n’est que dans cet équilibre fragile que Clément trouvera son chemin et écrira sa pièce de théâtre, tel un funambule entre deux eaux.

On devine qu’Emmanuel Mouret s’est amusé en s’offrant ce rôle de séducteur irresistiblement passif à la manière d’un personnage burlesque qui se retrouve héros malgré lui.  Et on a envie de dire à tous les détracteurs de Mouret et de son jeu singulier, de se retourner du côté de la liberté, la sienne, parce qu’elle est bien jolie quand même.

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