TREPALIUM, la nouvelle série dystopique d’Arte

Nous sommes dans un futur proche. 80% des gens sont inactifs et séparés des 20% de travailleurs de l’unique firme Aquaville par un grand mur. D’un côté les zonards gueux et inutiles, de l’autre les travailleurs tétanisés de perdre leur emploi et de passer de l’autre côté du mur. Doit-on travailler pour exister est l’une des questions posées par cette série d’anticipation écrite par Antarès Bassis et Sophie Hiet. En se penchant sur le travail, la précarité, la peur, le chômage et le rapport déshumanisé d’une société binaire, Trepalium revisite l’Histoire et mêle de nombreuses références (un peu trop peut être) en résonance glaçante avec notre société d’aujourd’hui. Alors, mini série visionnaire ou grotesque ?

En échange de la libération du ministre du travail détenu dans la zone pendant un an, sa femme et première ministre (Roni Elkabetz) promet de réhabiliter quelques milliers d’inactifs en leur offrant un emploi solidaire à Aquaville. Izia Catell fait partie des élus solidaires et atterrit chez Ruben Garcia. Alors que Thais, la femme de Ruben, disparait, Izia va la remplacer, leur ressemblance étant frappante.

Comme tous les actifs d’Aquaville, Ruben Garcia porte un col claudine blanc et un costume marron. A Aquaville, tout le monde se ressemble, même coupe de cheveux pour les femmes, même tenue, même absence d’émotion dans le regard. Chacun a une tache bien précise et doit respecter un règlement à la lettre au risque d’être expédié dans la zone. Le protocole n’autorise aucun faux pas, aucune excuse. Si vous êtes du bon côté du mur, réjouissez vous. Mais comment se réjouir dans une vie aussi désincarnée, hygiéniste et sans amour ? A Aquaville personne ne sourit. Pas même les enfants contraints de ranger leurs jouets à heure fixe dans des boites en plastique et de s’entrainer sans cesse pour devenir le meilleur.

Cette vision orwelienne serait vraiment glaçante si elle n’était pas aussi manichéenne et caricaturale par moment. La zone est principalement décrite par ses décors et ses costumes : un lieu en ruines gris avec des personnages hirsutes et vêtus de guenilles en opposition totale avec la lumineuse Aquaville où rien ne dépasse, où tout est informatisé, réglementé, où chaque déplacement est millimétré.  Les gens se nourrissent de portions préparées dans des boites en plastique, rien n’est laissé au hasard, rien n’est censé être inutile. Les failles ou faiblesses sont bannies et susceptibles d’être dénoncées par quelqu’un qui n’hésitera à vous marcher dessus pour prendre votre place. Les actifs évoluent dans cette jungle sans pitié et sont contraints à la peur d’en être exclus.

Si les références semblent assez présomptueuses (le mur de Berlin, les camps de concentration), il est néanmoins certain qu’elles restent pertinentes quand il s’agit de décrire un monde qui annihile l’humain dans son essence et où un seul modèle prédomine pour assouvir le peuple : les maintenir dans la peur et anéantir toute éventuelle solidarité ou insurrection. Toute similitude avec nos sociétés actuelles n’est évidemment pas fortuite. Notre monde s’érige de plus en plus en un modèle unique, celui d’une démocratie ultra libérale qui profite à une minorité mais parvient à satisfaire la majorité, qui trop heureuse d’avoir un travail, une télé et un toit au-dessus de sa tête, semble oublier le sens derrière tout ça. La réalité de nos chiffres est inversée (20% de chômeurs pour 80% d’actifs) mais la peur est déjà en marche.

Alors pourquoi travaille-t-on ? Ou plutôt pour qui ? Les inactifs sont-ils vraiment inutiles ? Le travail est-il le seul moyen d’exister ? A l’heure où certains députés proposent sept heures de travail obligatoire pour les bénéficiaires des minimas sociaux, on se dit qu’on n’est plus très loin de la science fiction….

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