A cette période hivernale où l’on ne croise que des gens emmitouflés plein de paquets à la main, qu’il est doux de se plonger dans ce dernier opus d’Olivier Assayas qui revisite sa jeunesse à travers un magnifique film entre autobiographie et récit initiatique.
Le film s’ouvre sur la manifestation de février 1971. Des étudiants courent en tous sens et tentent d’échapper aux coups des CRS. Autour de Gilles, alter ego du réalisateur, gravite un groupe de jeunes militants. Le décor est planté, reconstitué de façon quasi fétichiste comme si les objets, au-delà d’un symbolisme artificiel, ancraient les souvenirs du cinéaste dans la matière. La même matière que Gilles travaille en peignant dans la maison bourgeoise de ses parents.
Gilles est engagé comme ses camarades mais a toujours l’air un peu absent, tiraillé entre son désir de se réaliser et celui de militer. Il promène son allure nonchalante de Paris à l’Italie, aime Laure puis Christine. C’est cette apparente désinvolture qui donne à ce film toute sa beauté. Il nous rappelle combien le temps de notre jeunesse est éternel et nous interroge à travers cette universelle question de choix et sur notre place dans le monde. Chacun se débat avec ses convictions, ses désirs et ses ambitions. C’est maintenant que tout se joue et pourtant rien ne semble grave.
Les longs plans séquences magnifiquement filmés par Eric Gautier (encore lui !) renforcent cette lenteur, cette façon qu’a Assayas de laisser exister ses personnages au-delà du récit en faisant place à leurs questionnements, à la vie qui passe et les traverse, aux paysages, aux désillusions et aux utopies.
« La vie est la chose au monde la plus fragile », nous rappelle leur professeur de philosophie citant Blaise Pascal.