BEAU COMME BOWIE

Lundi matin, la nouvelle tombe : Bowie est mort. J’ai beau lire et relire la nouvelle sous toutes les coutures de mon fil twitter, je n’y crois pas. Bowie ne peut pas mourir. S’il y en a bien un d’immortel, c’est lui. Pas seulement pour les personnages qu’il a interprétés au cinéma comme celui de l’immortel John Blaylock dans Les Prédateurs auprès de l’autre immortelle Catherine Deneuve ou le rôle d’un extra terrestre dans L’homme qui venait d’ailleurs. Bowie est immortel car il incarne un univers à lui tout seul, un mythe, une icône, un dieu vivant, un génie inventif, un créateur sans cesse en renouvellement. Il venait d’ailleurs c’est sûr, du coup la question de vie ou de mort ne se posait pas.

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J’ai découvert David Bowie quand j’avais 15-16 ans. Je passais tout mon temps chez une amie qui vivait avec son frère et sa soeur plus âgés. Ensemble, on passait nos soirées à écouter les vinyles du frangin, les Stones, Led Zep, Iggy Pop, Lou Reed, The Velvet Underground, Neil Young et David Bowie. Puis ce fut au tour de l’amoureux de mon amie de nous faire découvrir d’autres titres. Il semblait avoir remporté l’unanimité tant ses play list étaient aussi géniales et raccord avec notre nouvelle culture musicale. Lui, c’était un grand malade de Bowie. Il les avait tous. On découvrait chaque jour une nouvelle facette du gars Bowie. On découvrait aussi Bowie acteur, les psychédéliques années 70, l’expérimental Performance avec Mike Jagger, l’androgynie, et avant tout une musique qui te faisait décoller bien loin.

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Bowie l’atypique, l’indomptable caméléon à la beauté singulière, androgynique et glam, ne reculait devant rien, n’hésitait pas à se transformer en femme, à se teindre les cheveux en rouge, à se maquiller ou à incarner ses propres personnages. Faut dire qu’il en connaissait un bout sur comment cultiver son image.
Un jour, il débarqua sur un plateau TV habillé en combinaison bariolée, cheveux rouges et l’air de sortir tout droit d’Orange mécanique. C’était la naissance de Ziggy Stardust.

Bowie ne vieillira jamais, comme sa musique, il restera toujours d’une modernité inventive absolue. Les rues sont désertes d’artistes comme lui. Bien sûr on voit poindre des tas de petits groupes à droite à gauche, certains sont même pas mal mais franchement, aucune comparaison, non ? Je sais, je parle comme une vieille de quarante ans qui se désole de la médiocrité contemporaine. Mais faut quand même bien avouer qu’on vit une période de régression totale (Donald Trump, le jihadisme, les injustices sociales qui enterrent vivants les trois quart de la planète comme Bowie dans Furyo d’Oshima, si ça ce n’est pas de la régression, et encore je m’arrête là pour ne pas détruire ma résolution d’optimisme de janvier), c’est la faute à personne (enfin si un peu quand même), juste à notre monde en décrépitude où la subversion semble avoir laissé place à une condescendance résignée. Heureusement l’art n’est pas mort, loin de là, la musique non plus. Mais peut-on parler de relève ? Qui peut se revendiquer comme un digne successeur d’un Bowie de nos jours ? Franchement, je ne vois pas.

LONDON - MAY 12: David Bowie performs live on stage at Earls Court Arena on May 12 1973 during the Ziggy Stardust tour (Photo by Gijsbert Hanekroot/Redferns)
LONDON – MAY 12: David Bowie performs live on stage at Earls Court Arena on May 12 1973 during the Ziggy Stardust tour (Photo by Gijsbert Hanekroot/Redferns)

Alors tant pis pour la relève, les écrits restent, les musiques aussi. Quelque soit notre génération, on continuera longtemps d’écouter Space Oddity (meilleur album de tous les temps), Ziggy Stardust, Heroes, Hunky Dory pour ne citer qu’eux, et on se laissera bercer par ces sons de l’espace, là où il y a une vie sur Mars.

Goodbye Major Tom !

« Though I’m past one hundred thousand miles
I’m feeling very still
And I think my spaceship knows which way to go
Tell my wife I love her very much, she knows »