HOMELAND ou comment les américains ont réussi là où tout le monde échoue

Je n’ai encore jamais parlé de séries américaines dont pourtant je suis très fervente.
Cela a commencé avec Six feet under (il y en a eu d’autres avant mais j’étais petite et surtout, elles n’étaient pas d’aussi grande qualité qu’aujourd’hui !) qui me paraissait être inégalable mais depuis j’en ai découvert quelques autres qui m’ont littéralement scotchée. De Mad men à Dexter, de Weeds à Boardwalk empire, sans oublier le mythique et génial Sopranos, chacune d’entre elles devient un temps votre meilleur ami ou pire votre drogue, votre rendez-vous tant désiré (je sais ça a l’air triste dit comme ça, mais non, c’est comme reprendre un livre là où on l’a laissé la veille).

Ma dernière découverte : Homeland, récompensé aux derniers Golden globes comme meilleure série dramatique raconte le retour d’un marine, Brody, dans son pays après avoir été maintenu en captivité en Irak pendant huit années. Située dans l’Amérique d’après le 11 septembre, la série met en scène Carrie, agent de la CIA persuadée que le « héros »  Brody est devenu un potentiel terroriste et qu’un attentat imminent va se produire.

Au-delà d’un formidable casting et d’une intrigue palpitante, la série part dans une autre direction presque paranoïaque : une femme seule contre tous se bat pour dénoncer une vérité que tout le monde réfute et tombe amoureuse de celui-là même qu’elle suspecte. Une sorte de Cassandre moderne atteinte en plus du syndrome de bipolarité qui l’a montre aux yeux des autres comme une illuminée.
On attend la suite avec impatience.

Pourquoi aujourd’hui seules les séries américaines ont ce talent immense de raconter de bonnes histoires servies par une réalisation souvent audacieuse et par un casting magnifique ? La réussite tient-elle au nombre de scénaristes et de réalisateurs y collaborant ? Au formidable travail d’équipe en arrière plan ? A la prise de risque des diffuseurs qui accepte des sujets souvent polémiques et à l’inverse du cinéma hollywoodien ? Étant donné leur succès, cette dernière ne semble pas être une option. Les spectateurs sont au rendez-vous et HBO comme Showtime ne font pas dans le bénévolat engagé.

Alors quel est leur secret ? Les américains sont avant tout les pionniers des séries (dans les années 60 il en existait déjà une centaine chez eux quand la deuxième chaine pointait juste son nez chez nous) et sont experts de cet art (qui n’en demeure pas moins une industrie très lucrative, ne nous leurrons pas). Ils sont parvenus à se renouveler, à intégrer de nouvelles règles et sont aujourd’hui de loin les plus forts et les plus prolifiques.

Cela tient également au format, toujours le même, maintenu par le seul fil du récit qui nous tient en haleine et des personnages que l’on suit comme l’on suivrait les aventures d’un récit de voyage. Si l’on ne s’identifie pas toujours avec les personnages parfois loin de nous, on peut en revanche pénétrer un univers étranger et suivre un quotidien très différent du notre comme celui des tribunaux dans The good wife, ou de la mafia dans les Sopranos ou encore de la police judiciaire dans Dexter.

Un trait commun tout de même à toutes ces séries : l’apologie du travail (qui plairait sans doute à notre président !) et l’investissement des personnages dans les taches qui leur sont confiées. Leur vie est passionnante parce que leur travail est passionnant. Ils sont tous ou presque des « héros » du quotidien qui, s’ils ont de nombreux travers (et c’est ce qui les rend plus humains et plus proches de nous), rétablissent la justice (The good wife), éliminent les sérial killers (Dexter), créent des slogans publicitaires (Mad men), consolent les familles (Six feet under), s’entretuent (Sopranos). Et même si les séries évoluent dans un univers impitoyable et corrompu, dans un tableau d’un occident qui court à sa perte, elles révèlent aussi ce qu’il y a de plus vivant en nous, ce qui nous porte et nous pousse vers un autre monde. Une forme de vie par procuration mais pas de celle qui nous endort, non, de celle qui nous habite. Un temps au moins.