ARRAS FILM FESTIVAL 2017 : programme de cette 18ème édition

Ce soir s’ouvre la 18ème édition du Arras Film Festival avec la projection de Jalouse de David Foenkinos. Au programme : des rétrospectives, des hommages, du cinéma européen et des avant-premières. Le Blog du Cinéma y sera à partir de demain pour trois jours, histoire de vous faire partager quelques moments de ce festival convivial et décidément éclectique.

Comme tous les ans, le Arras Film Festival nous gâte en nous invitant à découvrir plusieurs avant-premières en présence des réalisateurs/trices (écriture inclusive oblige !) parmi lesquelles Borg Mc Enroe de Janus Metz, A beautiful day de Lynne Ramsay avec Joaquin Phoenix, La douleur d’Emmanuel Finkiel adapté du roman éponyme de Duras, Je vais mieux du discret Jean-Pierre Améris (Les émotifs anonymes), La promesse de l’aube d’Eric Barbier, tiré du roman de Romain Gary et Thelma du très talentueux Joachim Trier (Olso 31 août).

Le Arras Film Festival offre aussi un beau panorama sur le cinéma européen avec une douzaine de films présentés dont un focus sur le cinéma allemand et bien sûr une compétition européenne avec un jury présidé cette année par Christian Carion, enfant du pays et réalisateur de Mon garçon sorti en septembre.

J’ai même rencontré des Tziganes heureux d’Aleksandar Petrović

Toujours dans le cinéma européen, on pourra découvrir la sélection annuelle Visions de l’est et avoir le bonheur de voir J’ai même rencontré des tziganes heureux qu’on avait manqué au Festival Lumière 2017.

Le cinéma du monde est aussi à l’honneur avec Les bienheureux de Sofia Djama, le film chilien Mariana de Marcela Said ou le film palestinien Wajid de Annemarie Jacir.

Cette édition rendra hommage à Noemie Llovsky autour de huit de ses films  en tant que réalisatrice et actrice, ainsi qu’un hommage à l’immense Jean Douchet, critique et historien du cinéma mythique avec un documentaire qui lui est consacré Jean Douchet, l’enfant agité.

Marie-Octobre de Julien Duvivier

Côté rétrospectives, les Festival se penche sur Les révolutions russes avec notamment un ciné-concert du chef d’oeuvre Octobre d’Eisentein et sur les films de crimes avec la rétrospective Whodunit ? (Qui a commis le crime ?) dans le cadre de laquelle sera diffusée Marie Octobre de Duvivier,  L’assassin habite au 21 de Clouzot et Le crime de l’Orient express de Sydney Lumet. L’occasion de rendre hommage à Danielle Darrieux dans un de ses plus beaux rôles et à Clouzot à l’honneur dès le 8 novembre à la Cinémathèque française.

Egalement une carte blanche est donnée aux soeurs Noguera (Lio et Helena)  dès demain avec La clinique de l’amour du regretté Artus de Penguern et Belgian disaster. Samedi soir aura lieu une rencontre animée par Jean Marc Lalane suivi d’un show case.

Enfin à l’occasion de l’exposition Napoléon au Château de Versailles d’Arras, le Arras Film Festival projette plusieurs films sur Napoléon et la campagne de Russie dont l’hilarant Guerre et amour de Woody Allen.

ROSALIE BLUM, un ratage d’un ennui mortel

Un coiffeur de province mène une vie tranquille et ordinaire jusqu’au jour où il croise une épicière quinqua qu’il croit reconnaitre et se met à la suivre. « Leur vie va changer » nous promet l’accroche de Rosalie Blum. Non, en fait vous n’aurez pas mieux, pas plus, comme dans Les chiffres et les lettres.
Adapté de la BD éponyme de Camille Jourdy, le premier film de Julien Rappeneau, fils de Jean Paul, est la preuve parfaite que l’on peut faire du cinéma sans aucune vision et en laissant le spectateur en état de mort cérébrale.

Je n’ai pas pour habitude de dire du mal des films que je vois d’abord parce que je les choisis et suis rarement déçue mais surtout parce que je n’écris pas sur tous les films que je vois et préfère donc parler de ceux que j’aime. Je vais faire ici une petite exception car là il faut avouer que je suis tombée sur une pépite ! Je pensais avoir été invitée à découvrir un feel good movie made in France. Je me suis retrouvée devant un très mauvais téléfilm écumant à peu près tous les clichés du genre avec autant de finesse qu’une charge de sanglier.

Vincent Machot (Kyan Khojandi) suit partout Rosalie Blum (Noemie Llvosky) depuis qu’il l’a croisée dans son épicerie. Est-ce parce qu’il est amoureux ? Est-ce pour fuir sa mère qui le tient encore par le cordon ombilical quand elle ne joue pas aux poupées (si, si) ? Ou autre chose de plus traumatisant ? Rosalie, par l’intermédiaire de sa nièce, va le suivre aussi car rien de tel qu’un peu de piment dans une vie morose à Nevers. Bref, on ne comprend pas bien pourquoi ils se suivent mais franchement on s’en fout pas mal. Rien, absolument rien ne retient l’attention, ni les dialogues convenus, ni l’absence totale de mise en scène, ni l’intrigue tellement téléphonée qu’on devine d’avance le plan qui va suivre. A défaut de nous surprendre, le film aurai pu nous émouvoir ou nous faire rire. En vain. La plus grosse blagounette du film c’est quand l’une des copines d’Aude, la nièce de Rosalie qui suit le suiveur (vous me suivez ?), se fait pipi dessus tellement elle a la trouille. Mouarfff !!! Bidonnant.

Rosalie Blum est une sorte de gros gâteau bien lourd avec tellement de couches qu’on ne peut rien avaler. .Julien Rappeneau ne nous épargne rien, il y est allé à la pelle(teuse) entre la fille rebelle qui cherche à s’émanciper de sa famille bourgeoise, le coiffeur trentenaire sous l’emprise de sa vieille mère, la quinqua solitaire qui cache un grand secret. Certes ils correspondent aux personnages de la BD mais était-il pour autant nécessaire d’en faire des caricatures sans aucune incarnation ? Chaque personnage a son pack accessoires pour souligner sa personnalité, y compris le conseiller Pole emploi qui arbore un gros badge « Pole emploi », on ne sait jamais, il aurait pu perdre le spectateur à ce moment-là devant tant de complexité. On se dit que Julien Rappeneau a du être bien traumatisé par Mulholland Drive.

Et comme si le gâteau n’était pas déjà assez indigeste, il en rajoute dans la description des personnages (j’ai dit description pas psychologie hein).  Aude, la jeune femme rebelle vit dans un atelier d’artiste avec un colocataire fauché et loser. Elle-même ne travaille pas, dort jusqu’à midi car c’est bien connu les chômeurs sont tous des branleurs qui se lèvent tard et fument des pétards comme les chats des Nuls. Heureusement elle a un talent caché de photographe que sa tata a bien repéré ! Rosalie, elle, essaye d’écrire en boucle une lettre à son fils Thomas mais n’y arrive jamais, alors elle froisse ses lettres et quand Vincent les retrouve en fouillant ses poubelles, c’est au milieu de boites de Prozac et de paquets de cigarettes (le pack dépression/solitude/quinqua). On a également droit à une autre couche avec les deux lourdauds qui poussent Vincent à aller parler à Rosalie, à l’extra couche Oedipe utilisée une bonne dizaine de fois (au cas où on nous aurait déjà débranchés et on ne comprendrait pas). Je n’évoquerai pas le cas d’Anémone qui campe avec tellement de subtilité la mère possessive et folle dingue qu’on en viendrait presque à regretter Marthe Villalonga. Quant à Kyan Kojandi, il pourrait nous faire un épisode inédit de Bref, dire « Bref. J’ai tourné dans une daube. »*

La seule question qui nous taraude : que sont allés faire Noémie Llvosky et Kyan Khojandi dans cette galère ?

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*Bref. Un matin j’ai reçu un scénario de Rappeneau, j’ai cru que c’était le père, mais c’était le fils. Je me dis tant pis, c’est pas déjà mal. Je lis le scénario, je prends une douche, je relis le scénario, pas sûr de trouver ça drôle. Je reprends une douche. Mon agent m’appelle, il me dit « c’est de la bombe, c’est le nouvel Amélie Poulain ». Je relis le scénario, je vois que le tournage est à Nevers, je reprends une douche. Là mon banquier m’appelle, je suis à découvert. Mon agent me rappelle. Je dis oui. Bref j’ai tourné dans une daube. »