SERIES MANIA, le festival 100% séries est de retour !

Pour la deuxième année consécutive le Festival Séries Mania entièrement dédié aux séries se tiendra à Lille du 22 au 30 mars prochain et je n’allais pas manquer ça !

Créé à Paris en 2010 par Laurence Herszberg l’ex directrice du Forum des images, le Festival présente en avant-premières les plus grandes séries du monde entier et accueille trois compétitions : officielle, française et formats courts. Un panorama international vient compléter la programmation ainsi que des nouvelles saisons inédites. Alors partants pour découvrir la programmation riche de 70 séries ?

La Compétition officielle

Parmi les dix films sélectionnés cette année, trois nous viennent du Royaume Uni : Baghdad Central de Stephen Butchard sur les évenements en Irak suite à la chute de Saddam Hussein, Chimerica de Lucy Kirkwood un polar géopolitique et le prometteur The Virtues de Shane Meadows (à qui l’on doit l’excellent This is England) qui dresse le portrait d’un homme dont les sombres souvenirs d’enfance ressurgissent. La bo est signée PJ Harvey et le personnage principal est interprété par le formidable Stephen Graham (Al Capone dans Boardwalk empire). Les Etats Unis sont quant à eux représentés par la série Netflix Chambers de Leah Rachel avec Uma Thurman qui nous fait l’honneur de sa présence à Lille où elle donnera également une masterclass. Chambers raconte l’histoire d’une femme ayant subi une transplantation cardiaque et qui se met à la recherche du passé de sa donneuse. Intrigant !

The virtues de Shane Meadows

La France n’est pas en reste avec deux séries, Eden de Dominik Moll, le réalisateur de Harry un ami qui vous veut du bien qui aborde le thème des migrants et Mytho de Fabrice Gobert, l’auteur des plebiscités Revenants, avec la talentueuse et trop rare Marina Hands et Mathieu Demy. Le titre parle de lui même.

Sont également représentés la Russie avec Identification de Valery Fedorovich et Evgeny Nikishov, Israël avec Just for Today de Nir Bergman et Ram Nehari, La Norvège avec Twin de Kristoffer Metcalfe et l’Australie avec Lambs of God de Marele Day.

Le jury de cette compétition est présidé par Marty Noxon la scénariste-productrice  de Sharps objects (HBO) et Dietland (AMC). Elle sera accompagnée par “The Good wife“ Julianna Margulies, l’actrice Audrey Fleurot, l’écrivaine Delphine de Vigan et le réalisateur Thomas Litli (Première année).

La compétition française

Au programme de cette compétition française, des séries explorant plusieurs genres : futuriste (Osmosis avec Agathe Bonitzer), fantastique (Une ile avec Laetitia Casta), apocalyptique (La dernière vague de Raphaëlle Roudaut et Alexis Le Sec), policière (Soupçons avec Julie Gayet et Double je) et enfin une comédie qui a l’air tout à fait réjouissante, Le grand bazar de Baya Kasmi co-écrit avec son binôme Michel Leclerc. On y retrouvera Grégory Montel (alias Gabriel de Dix pour cent) dans une histoire de famille mixte et recomposée.

Le grand bazar de Baya Kasmi

Les nouvelles saisons inédites

Vous êtes fans de The OA ou The Good doctor ? Séries Mania propose de découvrir en exclusivité les premiers épisodes des saisons à venir de ces deux séries cultes mais aussi ceux des séries françaises Irresponsable, Clem (la série de TF1) et Mission. Mais la vraie bonne nouvelle (en tout cas pour moi !), c’est la perspective de découvrir la saison 2 de la série britannique désopilante Fleabag qui sera bientôt adaptée en France et campée par Camille Cottin (qui décidément est partout !).

Panorama international

Pas moins de quinze séries du monde entier ont été retenues dans cette sélection qui dessine un beau paysage mondial des séries. Ainsi pourra t-on découvrir MotherFatherSon écrit par Tom Rob Smith, le scénariste de American story II (Gianni Versace), Success la série du croate Danis Tanović (No man’s land), le film israélien Asylum city, Les misérables revisités pour la BBC, une série coréenne d’horreur The guest et Monzon, série argentine tirée d’une histoire vraie sur un boxer célèbre dont la femme est retrouvée morte.

Une autre série anglaise a également attiré notre attention : Flack d’Anna Paquin (X-Men, True Blood). Flack met en scène une femme successful le jour, en vrac la nuit. Si elle excelle dans son job de chargée de relations publiques, Robyn a une vie personnelle proche du naufrage. Interprété par sa créatrice Anna Paquin, Flack rejoint la liste des séries drôles et sensibles autour d’un portrait de femme sans fard.

Flack d’Anna Pakin

Rencontres et autres réjouissances

Et ce n’est pas tout ! Le Festival Séries Mania propose aussi une nuit Game of Thrones avec la diffusion d’un épisode phare de chaque saison, un “Best of USA“ où l’on pourra voir des épisodes de Sharp objects de Jean-Marc Vallée, The twilight zone, Black Monday, Warrior, I am the Night de Sam Sheridan ou la série d’Amazon Homecoming avec Julia Roberts. Les fans de Twilight zone auront même la surprise de pouvoir rencontrer Adam Scott, présent pour l’occasion.

Côté rencontres, Séries Mania nous gâte. Les invités d’honneur de cette édition ne sont autres que Uma Thurman (la classe !), Freddie Highmore (Bates hotel et The good doctor), Eric Rochant et Hugo Blick pour un dialogue croisé sur les séries d’espionnage et Yves renier (célèbre Commissaire Moulin) qui présentera Pour tout l’or du Transvaal.

Une édition très prometteuse donc qui n’oublie pas les professionnels avec  SERIES MANIA FORUM. Rappelons que ce festival est ouvert au public et entièrement gratuit. Vivement le printemps qui cette année sonnera le début des festivités !

Tous les détails à retrouver sur le site de SERIES MANIA

HOMELAND ou comment les américains ont réussi là où tout le monde échoue

Je n’ai encore jamais parlé de séries américaines dont pourtant je suis très fervente.
Cela a commencé avec Six feet under (il y en a eu d’autres avant mais j’étais petite et surtout, elles n’étaient pas d’aussi grande qualité qu’aujourd’hui !) qui me paraissait être inégalable mais depuis j’en ai découvert quelques autres qui m’ont littéralement scotchée. De Mad men à Dexter, de Weeds à Boardwalk empire, sans oublier le mythique et génial Sopranos, chacune d’entre elles devient un temps votre meilleur ami ou pire votre drogue, votre rendez-vous tant désiré (je sais ça a l’air triste dit comme ça, mais non, c’est comme reprendre un livre là où on l’a laissé la veille).

Ma dernière découverte : Homeland, récompensé aux derniers Golden globes comme meilleure série dramatique raconte le retour d’un marine, Brody, dans son pays après avoir été maintenu en captivité en Irak pendant huit années. Située dans l’Amérique d’après le 11 septembre, la série met en scène Carrie, agent de la CIA persuadée que le « héros »  Brody est devenu un potentiel terroriste et qu’un attentat imminent va se produire.

Au-delà d’un formidable casting et d’une intrigue palpitante, la série part dans une autre direction presque paranoïaque : une femme seule contre tous se bat pour dénoncer une vérité que tout le monde réfute et tombe amoureuse de celui-là même qu’elle suspecte. Une sorte de Cassandre moderne atteinte en plus du syndrome de bipolarité qui l’a montre aux yeux des autres comme une illuminée.
On attend la suite avec impatience.

Pourquoi aujourd’hui seules les séries américaines ont ce talent immense de raconter de bonnes histoires servies par une réalisation souvent audacieuse et par un casting magnifique ? La réussite tient-elle au nombre de scénaristes et de réalisateurs y collaborant ? Au formidable travail d’équipe en arrière plan ? A la prise de risque des diffuseurs qui accepte des sujets souvent polémiques et à l’inverse du cinéma hollywoodien ? Étant donné leur succès, cette dernière ne semble pas être une option. Les spectateurs sont au rendez-vous et HBO comme Showtime ne font pas dans le bénévolat engagé.

Alors quel est leur secret ? Les américains sont avant tout les pionniers des séries (dans les années 60 il en existait déjà une centaine chez eux quand la deuxième chaine pointait juste son nez chez nous) et sont experts de cet art (qui n’en demeure pas moins une industrie très lucrative, ne nous leurrons pas). Ils sont parvenus à se renouveler, à intégrer de nouvelles règles et sont aujourd’hui de loin les plus forts et les plus prolifiques.

Cela tient également au format, toujours le même, maintenu par le seul fil du récit qui nous tient en haleine et des personnages que l’on suit comme l’on suivrait les aventures d’un récit de voyage. Si l’on ne s’identifie pas toujours avec les personnages parfois loin de nous, on peut en revanche pénétrer un univers étranger et suivre un quotidien très différent du notre comme celui des tribunaux dans The good wife, ou de la mafia dans les Sopranos ou encore de la police judiciaire dans Dexter.

Un trait commun tout de même à toutes ces séries : l’apologie du travail (qui plairait sans doute à notre président !) et l’investissement des personnages dans les taches qui leur sont confiées. Leur vie est passionnante parce que leur travail est passionnant. Ils sont tous ou presque des « héros » du quotidien qui, s’ils ont de nombreux travers (et c’est ce qui les rend plus humains et plus proches de nous), rétablissent la justice (The good wife), éliminent les sérial killers (Dexter), créent des slogans publicitaires (Mad men), consolent les familles (Six feet under), s’entretuent (Sopranos). Et même si les séries évoluent dans un univers impitoyable et corrompu, dans un tableau d’un occident qui court à sa perte, elles révèlent aussi ce qu’il y a de plus vivant en nous, ce qui nous porte et nous pousse vers un autre monde. Une forme de vie par procuration mais pas de celle qui nous endort, non, de celle qui nous habite. Un temps au moins.