PROFS, INDIGNEZ-VOUS !

Alors que les conditions de travail dans l’Éducation nationale sont de pire en pire, Nicolas Sarkozy souhaite réduire à nouveau les effectifs et proposer aux professeurs son fameux « travailler plus pour gagner plus ».

Mais franchement et comme le dit cette enseignante dans l’article de Libération de ce jour c’est vraiment ne rien connaitre au métier d’enseignant. Ce matin sur France inter notre président s’indignait de la différence travaillée au primaire et au secondaire (26 heures pour le premier, 18 heures pour le second). Il semble oublier plusieurs détails : tout d’abord le temps de préparation qui double déjà le nombre d’heures effectives (et peut être encore davantage quand on a des niveaux différents), ensuite le temps passé au collège ou au lycée entre des heures de cours non consécutives, et enfin les conseils de classe, et autres heures dédiées à l’organisation de sorties scolaires ou aux élèves en difficulté.

Une fois de plus, on cherche à s’appuyer sur la bonne volonté de travailleurs déjà épuisés (il faut avoir été 18 heures en cours devant des élèves pour en prendre vraiment la mesure) et ce afin d’éviter d’investir dans ce qui pourrait « sauver » en partie notre société : j’ai nommé l’Éducation. L’éducation est un droit mais semble davantage être devenu un devoir. Où est passée l’envie de développer et d’ouvrir l’esprit, de nourrir la pensée et d’apporter les connaissances qui permettent de se réaliser et de s’épanouir ? Combien sont laissés pour compte dans notre système ? Combien abandonnent trop vite ? On ne peut pas sans cesse accuser les professeurs de mal faire leur travail sans regarder de plus près les conditions derrière.

J’ai été prof pendant trois ans. Non titulaire. Avec un statut précaire, des remplacements sur le pouce, des niveaux toujours différents et des distances de déplacements qui, si on les additionne, sont dignes d’un Paris-Dakar.

Aujourd’hui, je continue d’effectuer quelques heures pour un petit groupe de 6 élèves en post-bac. Ce midi, nous avions un conseil de classe et avons échangé sur les problèmes rencontrés par ces élèves pendant deux heures. Deux heures où l’on n’est pas payés mais où pas une seule fois on ne se pose la question parce que humainement on est impliqués auprès d’eux et que leurs problèmes nous touchent. Ce que je veux dire, c’est que si les profs refusent ces heures supplémentaires ce n’est surement pas par défaut d’investissement ni par paresse, mais peut être pour se préserver un peu. Et en augmentant leur pouvoir d’achat, on aide l’économie française éventuellement mais surement pas les élèves.

Alors je vous le demande Monsieur Sarkozy, arrêtez ce discours odieux, arrêtez de prendre les gens en otage en invoquant sans cesse le pouvoir d’achat ! Je viens d’apprendre une nouvelle sordide concernant une de mes élèves et c’est insupportable de penser que votre projet éducatif va contribuer à laisser sur le banc de touche ce genre d’élève victime d’une vie déjà difficile, et victime demain d’un système qui exclue encore plus leur chance de raccrocher le wagon.

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