Le dernier film de Polanski Carnage d’après la pièce à succès de Yasmina Reza, met en scène deux couples new yorkais bourgeois, réunis pour tenter de s’expliquer suite à l’altercation entre leurs fils respectifs. Mais le huis clos cordial et convenu va bientôt laisser place à un affrontement bestial et sans compromis.
La vraie question soulevée devient dès lors : ne sommes nous pas sans cesse en retenue, cachés sous une apparente bienveillance, là où finalement nous sommes prêts à imploser tant nos frustrations et nos obsessions se révèlent nombreuses ? Et si notre culture occidentale, la même évoquée par Pénélope (Jodie Foster) quand Alan essaye de relativiser l’incident qui les rassemble, n’était qu’une simple mascarade, une couverture vite balayée, un masque encombrant ?
Les couples finissent eux-même par se déchirer au lieu de se soutenir, et les conflits deviennent exponentiels. Chacun campe sur ses positions et renvoie à l’autre son propre malheur, sa solitude. Et c’est là que l’humain retrouve une forme d’atavisme primaire comme dans celle de la pseudo complicité masculine ou des rires nerveux et surtout dans la défense de leur progéniture.
Polanski semble dire que la réponse est finalement peut être dans le cynisme et la distanciation dont fait preuve Alan (magistral Christoph Waltz), avocat défendant les méchants laboratoires pharmaceutiques et leurs gigantesques profits. A observer le personnage hystérique et antipathique de Penelope (Jodie Foster) en protectrice des grandes causes et des beaux principes, on se demande si en définitive, on ne préfère pas l’avocat véreux.
La réussite du film tient en grande partie à ses quatre acteurs, tous formidables (Kate Winslet et John C. Reilly s’ajoutent à ce casting) et à la mise en scène aussi sobre qu’efficace. Une heure vingt en temps réel d’un carnage « civilisé ».